R- Ils l’app’laient la Mère Strapontin
De leur humour trempé dans l’vin
Ils s’prenaient pour de gros balaises
Tous les clodos du Père Lachaise
Les mises en terre sans un raton, juste un pelé, pas un tondu
Ell’ s’glissait derrière le fourgon pour faire moins triste, pour faire cohue
Pour un’ tit’ pièce, ticket d’métro, vous inventait des tragédies
Les touristes la trouvaient bargeot, p’têt mêm’ qu’ils en rêvaient la nuit
R- On l’app’lait la Mère Strapontin
Plutôt du soir que du matin
À petits pas sur les trottoirs
Pour pas renverser l’arrosoir
Quand y avait un grand d’la finance qui dans sa bière s’poussait du col
Sous des tas d’fleurs et des rubans, elle se servait la guêpe, pas folle
Recyclait tout sur de pauv’tombes, des inconnus, des égarés
Les p’tits vernis, c’était le comble, on aurait dit l’quatorze juillet
R- On l’app’lait la Mère Strapontin
Plutôt en noir qu’en gros chagrin
C’est fort de garder le moral
Au bout de 300 pierres tombales
Son rêve à elle de Maryline c’était s’coucher sous les graviers
Pas d’épitaphe, que des racines, les pissenlits bien alignés
Alors du jour au surlend’main, voiti pas qu’la Mère Strapontin
L’a posé son baton d’pél’rin et sa poudre de perlimpinpin
S’est dit qu’sa vie était trop longue, qu’elle voulait pas sucrer les fraises
Pour mieux faire des rêves de chaise longue, s’est endormie au Père Lachaise
On l’app’lait la Mère Strapontin
Plutôt du soir que du matin
On l’app’lait la Mère Strapontin
Plutôt en noir qu’en gros chagrin