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Attablez-vous ici sans aucun parti pris
Écoutez bien à l’aise les mémoires d’une chaise
J’aimais tant les enfants, à cheval tagada
Qui mangeaient par-dessous leurs fraises tagada
Je vais vous dire céans qui m’a cassé les pieds
Je me mets donc à table, je parle pour meubler
Un homme assez bizarre, bien assis dans la vie
Fumait de gros cigares, de vrais barreaux de chaise
Du feutre sous les pieds, je suis toujours canée
Mais j’en ai vu des gens qui sont venus siéger
Présenter leurs dossiers puis très fins politiques
Jouer la chaise vide
Attablez-vous ici sans aucun parti pris
Écoutez bien à l’aise les mémoires d’une chaise
J’en ai sout’nu beaucoup des fesses et des jambons
Des charnues, des pointues aux promesses dodues
Ceux qui trônaient bien fiers, le cul entre deux chaises
Des chanteurs d’opéra à l’heure de l’apéro
Des héros fiers à bras qui pèt’ plus haut qu’leur cul
Des étranges, des malingres, en short ou même en kilt
Parfois même des coccyx bien tarabiscotés
Et des aventuriers venus de Tananarive
Un prêtre défroqué, j’étais si tolérante
Même des fous de la hanche qui rêvent de se lever
Et rien ne m’échappait, ni dessus, ni dessous
J’ai vu des jeux de jambe et des dessous de table
Quelques fesses trop molles qui ne tiennent pas l’alcool
Ou celles d’hippopotame qui ont frôlé le drame
Vieillir doucement
Jolis craquements
Toujours à quat’pattes
Je rêv’ d’accoudoirs
Prendre ma retraite
À la Chaise-Dieu
Finir en chaise-longue
Et fermer les yeux
Espoir le plus fou
Pas de déchett’rie
Mais le Paradis
Au Père Lachaise
Destin d’une chaise, balaise, balaise
J’ai perdu un pied, malaise, malaise
Je n’veux pas finir en chaise percée, percée, persécutée